Lisons des textes !

« Ce vent... souffle-t'il pour moi ? »

Cette question aussi banale et stupide qu'elle peut y paraître, me plongeait dans une intense réflexion. Il était encore assez tôt et le vent commençait seulement à se charger de la chaleur de l'été. Je frissonnais un peu et me remis en marche en regardant le dôme formé par les feuillages, seuls quelques rayons traversaient ce plafond naturel et venaient apporter une ambiance calme et protectrice. Je m'arrêtais à nouveau lorsque je vis les feuilles s'agiter.

« Ce vent... d'où vient-il ? »

Il me semblait que le vent avait à présent changé de direction, mais de façon assez étrange. Comme si... comme s'il suivait une route pré-tracée. Je mouillais mon doigt dans une flaque d'eau assez profonde qui se trouvait proche de moi et le mis en l'air (j'avais l'habitude de faire ce geste depuis que j'avais regardé des films sur les aventuriers). Un crapaud me regardait étrangement depuis sa flaque d'eau et croassait furieusement, il n'avait sans doute pas apprécié l'intrusion de mon index dans sa marre privée...Il sauta frénétiquement de l'eau à la terre comme si j'avais essayé de le noyer.

« Ce vent... est irréel ! »

Et c'était vrai. On nous a toujours appris en classe que le vent ce formait avec le mouvement de l'atmosphère et des masses de gaz qu'elle contenait. Alors pourquoi le vent semblait suivre une route tracée ? Toujours le doigt au dessus de ma tête, je m'appliquais à suivre ce chemin virtuel qui me faisait à présent quitter le sentier. L'air un peu inquiète mais décidée, je me frayais un chemin parmi la végétation qui commençait à reprendre ses droits. Je devais maintenant escalader des souches, sauter par dessus des fossés et contourner de gros arbres. Je me surpris à chuchoter que je me retrouvais dorénavant seule face à la nature. « Seule face à la nature... » J'aimais beaucoup cette idée, et c'était d'ailleurs pour être seule que je m'étais levée très tôt ce matin. Je voulais passer la journée avec moi-même et m'éloigner un peu du cocon familial après la dernière dispute de la veille.

Le vent changeait à nouveau de direction et semblait plus vigoureux, je le trouvais même étonnamment chaud vu l'heure encore matinale. Tout en marchant, j'enlevais mon gilet car je commençais à transpirer et je ne voulais pas être malade, puis je me stoppai net en voyant le petit lac qui se trouvait à présent devant moi. Magnifique, il n'y avait aucun mot assez fort pour décrire ce que je voyais. Une surface lisse et bleutée qui se troublait par endroit lorsqu'un animal aquatique s'approchait un peu trop du bord. Cette étendue d'eau reflétait la forêt, comme un monde inversé. Après m'être rafraichie dans l'eau, je sortis ma carte de mon sac, histoire de situer un peu ma position, et posai ma boussole dessus. Le dos courbé en arc de cercle, à quatre pattes près de l'eau et penchée au dessus du plan, j'essayais tant bien que mal de deviner où je me trouvais malgré mon sens de l'orientation proche du zéro absolu. Au bout de dix minutes, sentant que je commençais à avoir des crampes, je me redressai et rangeai furieusement la carte dans mon sac. Puis je sortis mon GPS de poche, car rien ne vaut la technologie lorsqu'on est nul en orientation, et je le mis en marche. «Error, you are not classified on the globe of the Earth. ». Pas besoin d'un BAC +5 en anglais pour comprendre qu'il y avait un truc qui clochait. Si même la technologie ne pouvait pas m'aider...

Appuyée contre un arbre, je marmonnais des phrases incompréhensibles pendant ma réflexion, levant parfois la tête pour regarder un groupe d'oiseaux passer, ou voir des écureuils sauter d'arbres en arbres. Je n'avais pas trente-six mille solutions de toutes façons, soit je continuais à suivre le vent, soit j'essayais de regagner un sentier. Je remis mon index en l'air et m'avançai jusqu'au bord de l'eau. Le vent semblait irrémédiablement attiré dans le lac... Je plongeai mon fameux détecteur de vent dans le liquide et sentis un courant assez fort. Étrange... La surface de l'eau ne reflétait pourtant pas de courant quelconque, ce qui ajoutait une chose bizarre à cette journée. En voulant me relever, je tombai dans l'eau la tête la première. C'est à ce moment là que ma promenade bascula dans l'absurde.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée sans connaissance, mais lorsque je me réveillai, il faisait encore jour. Je me mis assise et me frottai vivement le crâne pour essayer d'apaiser la douleur qui se faisait de plus en plus vive au fur et à mesure que je m'éveillais entièrement. Après avoir retrouvé tous mes sens, je me mis à scruter autour de moi et je fus ébahie par l'endroit dans lequel je me trouvais. J'étais dans le lac... mais je n'étais pas dans l'eau. J'étais assise sur la surface du lac comme sur une énorme glace de patinoire, du moins ça y ressemblait. Enfin..., si on enlevait le fait qu'à travers elle je pouvais voir la forêt de tout à l'heure mais en inversée. D'une manière général, je marchais sur l'eau mais au lieu que se soit moi qui ait la tête en bas, c'était la forêt qui l'avait. Autour de moi, et seulement autour de moi, flottaient d'étranges boules bleutées que je pris d'abord pour d'énorme lucioles azurs, mais qui en faites ressemblaient plus à des boules flottantes magiques comme dans les jeux vidéos. Elles dégageaient une lumière réconfortante et protectrice ce qui apaisait l'atmosphère. Puis je remarquai un banc de poissons, de toutes tailles et de toutes couleurs, qui s'approchait de moi. « Des poissons qui nagent dans le ciel... » Cette image était magique. Je me relevai et marchai prudemment sur la fine couche d'eau en regardant passer les poissons, les crabes, et autres habitants du plan d'eau. Je fis un sursaut en voyant surgir du « sol » le bec d'un pélican à la recherche de son repas. Il y avait de la lumière qui émanait du sol, ou plutôt, il y avait la lumière qui traversait l'eau et se reflétait de mon côté. En suivant un rayon, je portai mon regard sur la végétation qui se trouvait au dessus de moi. Des algues, de la boue et des cailloux... Des algues la tête en bas, qui flottaient librement, de la boue comme collée au « plafond » marin et parsemée de petits rochers.

Cela devait faire un petit bout de temps que je me baladais dans cet endroit lorsque je me rendis compte que j'avais mal au ventre. Je devais sans doute avoir faim. Mon sac était resté sur la berge, de l'autre côté... Je n'avais donc rien sur moi, ni nourriture, ni carte ou boussole qui, de toute façon je le craignais, ne m'auraient pas été très utiles. Je commençais à me dire que je resterais bloquée de ce côté-ci et que je mourais de faim. Triste fin quand on savait que mon plat préféré nageait non loin. La panique s'emparait peu à peu de moi.

« Ce vent est si... le vent ?! »

Lorsque le souffle du vent caressa à nouveau ma peau, je me sentis revivre. Il était encore là, un peu comme le fil conducteur de ma vie, quelque chose de solide auquel me raccrocher dans ce moment de solitude infinie. A présent je pouvais le voir, un mince filet bleuté qui serpentait dans l'eau et disparaissait dans la mer lointaine. Je me mis à courir. Pourquoi ? On peut rarement expliquer ce qu'il nous arrive dans certaines situations et pourquoi cela nous arrive, mais j'avais envie de courir, de suivre cette route qui maintenait mon espoir en vie. Je rentrerai chez moi en suivant ce courant, j'en étais certaine. Je courais aussi vite que je le pouvais, traversant les bancs de poissons, et quittant peu à peu le « sol ». Peut-être que ce n'était qu'une impression, mais je me sentais comme portée vers le « plafond » marin. Tout se faisait flou autour de moi, sauf le vent qui restait net et que je m'efforçais de suivre coûte que coûte. J'agitais bras et jambes avec force, sans doute pour me donner plus de vitesse et d'élan dans ma course contre celui-ci. Mais maintenant j'avais très froid. J'avais l'impression d'avoir de la glace dans les poumons, pourtant c'est souvent l'inverse, on a toujours si chaud quand on cours. Mais peu importait, je courais toujours même si j'étais peu à peu surélevée du « sol ». Puis ma tête toucha le dessus des premières algues, puis mes bras heurtèrent des rochers et enfin je me retrouvai étalée dans la boue. Mes yeux me faisaient mal à présent, et je n'avais plus de force... J'étais en train de me noyer !

Je comprenais tout à présent. Les boules n'avaient rien de magique, c'était les bulles d'air qui s'échappaient de mes poumons, j'avais en fait sursauté à cause du choc au contact de l'eau gelée et j'avais froid car j'étais en hypothermie. Mes poumons étaient glacés car ils étaient remplis d'eau, je n'avais pas mal au ventre à cause de la faim mais parce qu'il se contractait avec fureur pour m'alerter du danger de mort et je m'agitais parce que je voulais remonter pour refaire le plein d'oxygène... On raconte qu'à l'approche de la mort, on voit le reflet de notre âme. J'ai toujours été fuyante (et je le suis restée jusqu'au bout), rapide et froide avec n'importe qui, mon âme était le vent... je me suis réincarnée en vent, je suis devenue ce vent...

« Aujourd'hui, une jeune fille de 18 ans s'est perdue en forêt alors qu'elle était partie seule en randonnée. Elle a été retrouvée morte noyée au fond d'un lac. »

Les moustiques :

Quelques fois pendant les nuits sombres, (
On entend un bruit ennemi, (
Celui d'un dangereux suceur de sang (10)
Près à vous vider en un rien de temps. (10)

Un vieux millénaire hypocrite (
Paré à attaquer le monde entier. (10)
Il passe ses nuits à rechercher (
Sa prochaine victime ce sadique ! (

En volant il s'est rapproché (
Cet être nocturne, insatiable et sans pitié ! (12)
De sa cible ensuite il s'est rassasié, (10)
Lui laissant un souvenir avant de s'en aller ! (12)

Ô toi que tout le monde déteste, (
Et que certains fuient comme la peste, (
Méfie toi dés maintenant misérable moustique, (10)
Car nous sommes équipés de raquettes électriques ! (12)
(Les chiffres c'est le nombre de pieds de chaque vers, j'ai la flemme de les enlever )